Bruyères pendant la guerre 1914-1918

3 Août 1914, La France et l’Allemagne sont en guerre. Les choses tournent mal pour nos troupes dans les premières semaines. Bousculées, elles refluent jusqu’à la Marne. Bruyères est occupée dès le 3 septembre. La fameuse bataille de la Marne oblige certes l’ennemi à reculer mais sa retraite s’arrête sur les crêtes du Chemin des Dames où il se retranche face aux troupes françaises qui occupent la vallée de l’Aisne. Quatre longues années d’occupation commencent.

  Bruyères occupée

 
Dès 1915, les Allemands rebaptisent les rues. La rue de Vorges prend le nom du chancelier Bismarck, celle du Puits Bériol est rebaptisée Goldstein Strasse tandis que la rue de la Germerie prend le nom du célèbre écrivain romantique Goethe. Le Kaiser Guillaume donne son nom au Tour de Ville tandis d’autres rues du centre honorent les généraux Bülow, Winkler et Molkte, le vainqueur de la guerre de 1870.

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L’administration militaire allemande, la « Kommandantur », est installée dans un profond abri sous une des tours des remparts du Jeu de Paume. La nef de l’église est convertie en infirmerie. Le général Kade commande alors la garnison. Il loge rue de la Germerie tandis que ses officiers, pour la plupart issus de la caste des hobereaux prussiens, se partagent la vaste demeure de la famille Lefevre qui abrite aujourd’hui l’école communale.
Face à l’abreuvoir (au niveau de l’abribus actuel) se tiennent la forge militaire et le cantonnement de la troupe automobile.
C’est au bord du rû de Chérêt, dans une belle et grande maison toujours existante, que les Allemands aménagent une vaste buanderie, dont on découvre, ci après, une photo de l’intérieur.



UN HAVRE DE PAIX POUR LES ALLEMANDS


Les trois illustrations suivantes signalent la tranquillité du village avant les combats de 1917. Bruyères est alors un lieu de repos pour les troupes qui se relaient sur la ligne du Chemin des Dames où il ne se passe pas grand chose. On édite même des cartes postales pour le courrier, ce qui doit rassurer les familles qui ne peuvent que se réjouir de voir les leurs dans un village paisible, bien entretenu grâce aux corvées imposées aux civils ici surveillés par un « feldwebel » (gendarme militaire) à fière allure.





Le jeu de Paume a été aménagé en « Luna Park » avec guinguette et kiosque à musique.


LA VIE DES CIVILS
Les habitants de Bruyères sont étroitement contrôlés (on est près du front, même si celui-ci reste longtemps calme) et il faut même un laisser-passer pour se rendre à Chéret.

Les restrictions touchent tout le monde et le ravitaillement est difficile. Des bons spéciaux sont indispensables pour acheter les denrées de première nécessité.
Le lait et le pain représentent, comme en témoigne ce livre de compte, l’essentiel des dépenses des familles, notamment pour les enfants.

LA TOURMENTE DE 1917
L’offensive française sur le Chemin des Dames en avril 1917 bouleverse la tranquillité toute relative des arrières. Bruyères et les autres villages du secteur qui abritent des troupes allemandes se retrouvent ainsi bien involontairement sous le feu de l’artillerie française à longue portée qui est stationnée dans la vallée de l’Aisne.
Les autorités allemandes se débarrassent des civils qui ne leur sont pas utiles, notamment les femmes et les enfants. Ils les regroupent dès le 6 mars dans les carrières de Parfondru avant de les évacuer vers la Belgique le 16 mars.
 
On voit ici le rassemblement sur la place des 446 femmes et enfants bruyérois qui sont dirigés vers la Belgique. Les Allemands, qui ne veulent pas s’encombrer de bouches à nourrir les transfèreront ensuite vers la France en passant par la Suisse.
Il faut attendre novembre 1918 pour que la nouvelle offensive française sur le Chemin des Dames bouscule les troupes allemandes. Bruyères est libérée le 13 octobre 1918.
Les allemands quittent un village désormais méconnaissable où restent les ruines des immeubles bombardés par l’artillerie (il n’y a pas eu de combats dans le village).


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Bruyères, comme sa voisine Vorges, fut ainsi un de ces villages martyrs de la guerre et fut distingué en avril 1921 avec la remise à la commune de la croix de guerre.
Le monument aux morts a été inauguré le 14 octobre 1923. Il témoigne du sacrifice des 29 Bruyérois tombés au champ d’honneur et des 11 civils morts par suite des mauvais traitements et des privations.

Francis SZYCHOWSKI