Le Fort de Bruyères

les fortifications Séré de Rivière à Bruyères
Un des éléments du système Séré de Rivières à Bruyères et dans le Laonnois :

Le fort Henriot (du nom du mobile qui fit sauter la citadelle de Laon à l'arrivée des troupes prussiennes en 1870) faisait partie du système de défense de la place de Laon établi dans les années 1880 par le Général Séré de Rivières.
Laon, comme Reims et La Fère, est un des verrous de la barrière de deuxième ligne que l'Etat Major établit en 1881 pour défendre Paris. Il convient en effet d'éviter le désastre de 1870 qui avait laissé Paris sans défense quand les fortifications de Metz et de Sedan étaient tombées entre les mains des troupes prussiennes.
Simple redoute avancée, le fort de Bruyères est le plus petit des forts d'artillerie qui constituent la place de Laon avec ceux de Mons-Laniscourt, Montbérault et la Malmaison (sur le chemin des Dames). Plus au sud, le fort de Condé surveillait les trouées de l'Aisne et de la Vesle (axe Soissons-Reims) mais était sous commandement de Laon avec qui il était relié - tout comme les autres fortifications- par un système de signaux optiques centré sur la batterie Morlot, perchée sur la pointe occidentale de la butte de Laon.
Le fort Henriot est construit entre 1879 et 1881 sur un modèle établi par Séré de Rivières. Il devait initialement être armé de canons à longue portée.

Un siècle de quasi abandon :
Déclassé précocement (dès 1888) comme la plupart de ces fortifications construites juste avant l'invention des obus brisants (chargés à la mélinite) le site restera néanmoins propriété miltaire jusque dans les années 1960. Les Allemands, qui ont occupé Bruyères de 1914 à 1918, l'ont utilisé comme camp de prisonniers. En 1938 le Génie militaire y fait quelques aménagements destinés à la préparation de munitions spéciales, surveillées par un détachement d'un régiment de Laon-Sémilly.
Puis le site tombe dans l'oubli de l'administration.
Pas pour tout le monde.
Les villageois des alentours viennent y récupérer matériaux, ferrailles et des centaines de bonbonnes en verre abandonnées là par l'armée. On les retrouve aujourd'hui dans les caves des vieux Bruyérois qui y conservaient la "goutte", cette eau de vie locale élaborée chaque année par le "bouilleur de cru".
Les enfants en font un terrain d'exploration. Ils y jouent des parties mémorables dans le labyrinthe des couloirs et des casemates, toujours au risque de se précipiter dans les multiples sapes envahies par la broussaille. On dit même que les amoureux s'y retrouvent volontiers.
C'est ainsi que le fort s'inscrit peu à peu dans la mémoire collective bruyéroise.
Mais l'armée finit par s'en débarasser en vendant aux enchères le site en 1961. L'acquéreur est une entreprise de matériaux publics, l'entreprise Pipari de Monampteuil.
Heureusement pour Bruyères, l'opération de démolition apparait vite non rentable et les pioches du démolisseur n'ont guère plus abîmé le site que ne l'avaient fait les obus de l'artillerie française en 1917 et les pillages postérieurs.
Le renouveau du fort :
L'entreprise Pipari cède en 1986 le site à la commune de Bruyères qui le confie jusqu'en 2015  à une association locale, l'ARSAF, qui se lance un défi extraordinaire : relever le fort de ses ruines et en faire un lieu de distraction public.
Depuis 2016, le site vit une nouvelle existence avec l'installation d'une chèvrerie pédagogique, tout en conservant sa vocation d'accueil, tant pour les touristes que les familles qui souhaitent le réserver pour des événements.

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Bibliographie sur le Fort

- M. Barros "les forts de La Fère, Laon, Soissons de 1874 à 1918"
Mémoires de la fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne Tome XLI-XLII 1996-1997
- "Ouvrages fortifiés, ouvrages bétonnés dans l'Aisne XIXe-XXe siècles"
Brochure publiée par la Direction départementale des Anciens Combattants de l'Aisne non datée
Office national des Anciens combattants cité administrative Laon 03 23 26 30 40